Besoins spécifiques

Protéines

Les besoins supplémentaires en protéines sont évalués à 0,7 g/j au premier trimestre, 3,3 g/j et 5,8 g/j aux deuxième et troisième trimestres, soit 1,3, 6,1 et 10,7g/j d’apports supplémentaires en tenant compte de l’efficacité de conversion des protéines alimentaires en protéines tissulaires. Les apports recommandés sont donc de 60 à 70g/j pendant la grossesse et un peu plus durant l’allaitement. Dans les pays industrialisés, ces besoins sont largement couverts par des apports spontanés souvent supérieurs à 80 g/j, excepté, par exemple, dans les milieux défavorisés et chez les adeptes du végétalisme. En pratique, les protéines animales (viande, œufs, poisson, lait, fromage…) ont une qualité nutritionnelle supérieure à celle des végétaux (céréales, légumineuses) déficitaires en acides aminés indispensables. Il faut donc associer aux céréales des légumineuses (couscous-pois chiches) ou des protéines animales (pain-fromage, céréales-lait). On recommande de consommer de la viande (ou équivalence) une à deux fois par jour.

Glucides

Le glucose est la source essentielle d’énergie pour les tissus fœtaux. Pendant la grossesse, le métabolisme glucidique est modifié par : - un hyperinsulinisme au cours des deux premiers trimestres, permettant la constitution de réserves énergétiques maternelles ; - une insulinorésistance au troisième trimestre, au profit du fœtus, la mère puisant l’énergie dont elle a besoin dans les réserves lipidiques constituées. En pratique, les apports en glucides doivent être supérieurs à 250 g/j, en privilégiant les sucres complexes. Un petit déjeuner glucidique apportant 40 à 50 g d’amidon (80 g de pain ou 6 biscottes, ou 60 g de céréales) est impératif.

Lipides

Les lipides contribuent à l’apport énergétique, assurent le transport des vitamines liposolubles (A, D, E) et participent à la constitution des membranes nerveuses du fœtus. Les apports, exclusivement alimentaires, en acides gras polyinsaturés essentiels (AGE) - acides linoléique (série n-6), α-linolénique (série n-3) et leurs dérivés à longue chaîne – doivent être surveillés en respectant l’équilibre entre les deux séries : en effet, les apports en n-3 sont insuffisants chez la population française. En pratique, il faut varier les corps gras : beurre, différentes huiles utilisées en alternance ou en mélange, poissons gras riches en dérivés de l’acide α-linolénique). Ces recommandations s’appliquent également lors de l’allaitement.

Calcium

Les besoins de la minéralisation du squelette fœtal (près de 30 g au total) sont essentiellement couverts par l’augmentation de l’absorption intestinale du calcium. Ainsi, ces besoins sont assurés sans que le statut osseux maternel en soit affecté si les apports calciques sont adéquats : 1 000 mg/j recommandés pendant la grossesse et l’allaitement. En revanche, au cours de l’allaitement, la mère puise dans ses réserves osseuses pour les couvrir. Cette déminéralisation est réversible après le sevrage et sans conséquence à long terme pour la mère, à condition que ses apports calciques soient suffisants. Cependant, chez l’adolescente, une supplémentation calcique systématique pendant l’allaitement est justifiée. En pratique, les apports spontanés sont souvent insuffisants. Les produits laitiers étant la principale source de calcium, on peut conseiller 1/2 litre de lait + 30 g de fromage + 1 yaourt. Les légumes, les fruits, les céréales et les eaux de boisson complètent les apports en calcium.

Vitamine D

Les réserves du fœtus en vitamine D se constituent aux dépens de celles de la mère, qui est souvent carencée en fin de grossesse, surtout en hiver et au début du printemps. Il existe une relation entre ce déficit et la survenue d’une hypocalcémie néonatale. En pratique, toute femme enceinte doit être supplémentée en vitamine D à raison de 400 UI/j pendant toute la grossesse ou 1 000 UI/j le dernier trimestre, ou 200 000 UI en dose unique au septième mois.

Fer

Le coût global en fer de la grossesse est estimé à 1 g. Les besoins augmentent de 1 à 2,5 mg/j en début de grossesse à 6,5 mg/j au cours du troisième trimestre selon l’état des réserves préexistantes. L’augmentation des capacités d’absorption intestinale du fer, d’autant plus importante que les apports sont faibles, rend possible la couverture de ces besoins par l’alimentation à condition que la ration soit suffisante ( > 2 000 kcal/j) et variée, sans exclusion des aliments d’origine animale. Des réserves insuffisantes en début de grossesse peuvent entraîner une anémie ferriprive chez la mère et augmenter le risque de prématurité et d’hypotrophie fœtale. En pratique, plutôt qu’une supplémentation systématique, il est conseillé de dépister et traiter les femmes à risque et de cibler la supplémentation : anémie en début de grossesse, adolescentes, grossesses rapprochées ou multiples, ménorragies, végétarisme, milieux défavorisés. On conseille, dès le premier trimestre, 30 à 50 mg/j de fer-élément en l’absence de déficit majeur et 120 à 150 mg/j en cas d’anémie et de carence martiale avérées. La consommation d’aliments riches en fer doit être encouragée dans tous les cas : viande, poissons, œufs, légumes secs, fruits secs et oléagineux, épinards...

Folates - vitamine B9

Les folates sont essentiels au développement embryonnaire et fœtal, car ils interviennent dans la division cellulaire. Or, les apports sont insuffisants chez les femmes enceintes dont les besoins sont accrus : 400 µg/j sont recommandés. Une carence en folates augmente le risque de prématurité et de retard de croissance intra-utérines et surtout d’anomalies de fermeture du tube neural (anencéphalie, spina bifida…). En pratique, la fermeture du tube neural se fait à la quatrième semaine, souvent avant que la grossesse ne soit connue. C’est pourquoi une alimentation riche en folates est conseillée à toutes les femmes en âge de procréer (légumes à feuilles, agrumes, céréales complètes, maïs, lentilles, œufs, fromages…). Une supplémentation systématique à doses nutritionnelles (0,4 mg/j) est recommandée chez toutes les femmes qui désirent concevoir. En cas d’antécédent d’anomalie du tube neural, une supplémentation à dose thérapeutique (5 mg/j) doit débuter quatre semaines avant la conception et se poursuivre pendant les deux premiers mois de grossesse.

Autres vitamines du groupe B

Les besoins en vitamines B1, B6 et B12, légèrement augmentés, sont couverts par une alimentation équilibrée. Céréales complètes, légumes, viandes, poissons, produits laitiers et œufs y pourvoient. Un déficit en B12, responsable notamment d’anémie, peut s’observer chez les végétaliennes.

Vitamine A

Elle est indispensable à la différenciation cellulaire embryonnaire et fœtale. Le risque de carence est faible chez la femme enceinte du fait des réserves hépatiques, du moins en France, et l’alimentation couvre les besoins liés à la grossesse. Les principales sources sont le lait non écrémé, le beurre, les œufs. Les légumes verts et les fruits apportent son précurseur, le β-carotène. L’hypervitaminose A étant soupçonnée d’être tératogène, la consommation de foie naturellement riche en vitamine A est, par prudence, déconseillée pendant la grossesse, de même que les suppléments polyvitaminiques contenant de la vitamine A.

Vitamine E

Les apports sont souvent inférieurs aux recommandations. Les principales sources en sont les matières grasses végétales.

Vitamine C

Les besoins en vitamine C sont couverts par l’alimentation (fruits et légumes frais). Une supplémentation en vitamine C à haute dose peut être dangereuse : un excès de vitamine C réduit l’assimilation des minéraux (magnésium, cuivre ou zinc) et peut induire un « état de manque » chez le nouveau-né.

Autres minéraux et oligoéléments

Iode : la grossesse augmente les besoins et contribue à l’apparition ou à l’aggravation des déficiences modérées. Il faut donc encourager la consommation des aliments riches en iode (lait et produits laitiers, poissons et crustacés, œufs) et conseiller le sel enrichi. Magnésium : l’alimentation est généralement suffisante pour couvrir les besoins du fœtus et de la mère. Les principales sources sont le chocolat, les légumes et les fruits secs, les produits céréaliers, certaines eaux de boisson, la viande et le lait. Zinc : une alimentation équilibrée riche en protéines animales (viandes, poissons et produits laitiers) suffit pour couvrir les besoins. Les carences d’apport peuvent s’observer dans certains cas : alcoolotabagisme, régime végétarien ou végétalien, malabsorption, compétition avec déséquilibre d’apport en fer, cuivre. Fluor : une supplémentation en fluor est inutile ; elle ne protège que les dents « de lait », dont la minéralisation débute à la quatrième semaine, mais non les dents définitives, dont la minéralisation commence à la naissance.
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